Epinglé par un audit faisant état d'attitudes dysfonctionnelles de sa part, le patron d'une institution vaudoise spécialisée dans les addictions a été poussé à la démission en 2021. Il vient d'être nommé directeur d'une structure similaire du Jura bernois.
Michel a retrouvé du travail dans une commune bernoise. © A.P.N
La nomination en février de Michel* à la tête d'une structure du Jura bernois spécialisée dans la lutte contre les addictions fait jaser. Les compétences professionnelles de ce haut cadre de référence en matière de toxicodépendance ne sont pas remises en cause car, dans ce domaine, le quinquagénaire a toujours fait l'unanimité. Il en va autrement sur le plan humain.
En 2021, excédés par ce qu'ils appelaient «la dérive autocratique» du directeur en place depuis vingt ans à la tête d'une structure vaudoise spécialisée dans la lutte contre les addictions liées aux drogues, des collaborateurs avaient saisi le Canton de Vaud, qui subventionne l'institution.
Dans la foulée, l'Etat avait commandité un audit pour faire la lumière sur le management du quinquagénaire (lire ci-contre). Après avoir auditionné une vingtaine de salariés de la fondation, le rapport décrivait ainsi Michel: «Il humilie, méprise, dénigre, abaisse, harcèle, divise, triangule (...) Il use de son pouvoir, de sa toute-puissance, manipule, adopte des comportements violents, ciblés, destructeurs. Son attitude lunatique déstabilise. Il use de son charme. Beau-parleur, il séduit, enjolive, puis, soudain, devient colérique, totalement inadéquat et incohérent.» Poussé vers la sortie après cet audit accablant, Michel avait démissionné.
Dans le cercle fermé du milieu des toxicodépendances, les nouvelles responsabilités confiées au quinquagénaire vaudois sont diversement appréciées. «Les frontières entre les cantons sont très étanches», ironise une ancienne collaboratrice de Michel. «Les travailleurs sociaux qui l'ont côtoyé s'étaient confortés à l'idée que Michel ne pourrait plus détruire d'autres carrières. Je crains qu'il sévisse de nouveau», redoute un ex-collaborateur.
«Au faîte de sa gloire, Michel s'était cru tout permis. Mais cela appartient au passé. Tout le monde a droit à une deuxième chance», nuance une addictologue ayant côtoyé le quinquagénaire.
Contacté par L'Impertinent, Michel n'a pas souhaité s'exprimer. Le président du comité de l'Association des Œuvres d'Utilité Publique qui chapeaute l'institution basée dans le Jura bernois, lui non plus, n'a pas répondu à nos sollicitations.
*Prénom d'emprunt
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