top of page
Rechercher

Pourquoi la Suisse devrait cesser de subventionner le Forum de Davos

Photo du rédacteur: Amèle DebeyAmèle Debey

Mardi prochain, dans les Grisons, débutera l'annuel Forum économique où se réuniront les maîtres de l'échiquier mondial. L'avocat indépendant Henri Gendre nous explique pourquoi la Suisse devrait retirer sans délai au WEF le statut d'organisation internationale.

WEF
© Flickr

Tel le traditionnel bal du Nouvel-An de la Vienne impériale, le bal d'hiver du WEF est devenu rituel dans la station grisonne de Davos. Du 20 au 24 janvier 2025, deux mille cinq cents «grands» du monde de la politique et de l'économie avec équipage et gens de presse y feront pèlerinage en riches carrosses.


Comme les années passées, les membres du Conseil fédéral communieront à cette grand-messe privée organisée par une fondation privée à laquelle le Gouvernement suisse a conféré en 2015, sans aval du Parlement, un statut d'organisation internationale. Les préceptes véhiculés par le WEF selon l'Évangile de la Grande Réinitialisation visant en finalité à établir un ordre mondial hégémonique supplantant la souveraineté des nations et à réduire l'humain à un nouvel esclavage par la technologie, la Suisse devrait retirer au WEF son statut public préférentiel indûment concédé, cesser de subventionner l'événement de Davos et s'abstenir de lui accorder un patronage officiel.

 

Identité du WEF

 

Fondation de droit privé suisse avec siège à Cologny/GE, le Forum Mondial de l'Économie WEF a été créé en 1971 par Klaus Schwab (1938), alors professeur d'économie à l'Université de Genève. Sa structure est pyramidale et cooptative, Klaus Schwab et sa famille y exerçant un pouvoir décisionnel de fait qui sera statutairement dévolu à futur à un successeur désigné par le clan. Au fil des ans, le WEF s'est agrégé un millier d'entreprises économiques et industrielles de type multinationales ayant un volume d'affaires supérieur à USD 5 milliards. Les cotisations à ce club hanséatique sont en proportion pour couvrir ses dépenses de fonctionnement chiffrées pour l'exercice annuel 2022-2023 à CHF 409 millions. L'entreprise de conseil McKinsey & Company est en particulier à la manœuvre pour gréer le navire amiral et le piloter.

 

Mission du WEF

 

À l'instar d'un club-service muni en paravent d'un but idéal et philanthropique, le WEF s'est donné pour mission «d'améliorer l'état du monde». On a ainsi débattu à Davos les thèmes du changement climatique et du monde durable (2020), de la restauration du travailler ensemble et de la confiance en référence particulière à la crise Covid (2022), de la coopération dans un monde fragmenté (2023), de la reconstruction d'une confiance globale (2024). Pour 2025, ce sera celui de la collaboration à l'ère de l'intelligence artificielle.

 

Par ailleurs, le WEF intègre une structure de formation de jeunes futurs dirigeants politiques et économiques, les Young Global Leaders appelés à être promus par le jeu des influences occultes et de la promotion médiatique orchestrée à des fonctions de haut rang hiérarchique. Ont passé entre autres par cette filière au plan politique Emmanuel Macron, Justin Trudeau, Gabriel Attal, Sanna Marin etc… Le réservoir des futures élites gouvernementales et du monde des affaires est bien fourni.

 

Reconnaissance du WEF par la Suisse et participation de la Confédération

 

Selon un accord conclu le 23 janvier 2015 à Davos entre le Conseil fédéral (signature de Didier Burkhalter) et le WEF (signature de Klaus Schwab), le WEF a été promu au rang d'organisme international bénéficiant de la capacité juridique, de l'exonération de l'impôt fédéral direct, de la liberté de disposition de fonds et de l'exemption pour son personnel étranger des contraintes légales de séjour. Un accord complémentaire du 21 janvier 2020 (signatures d'Ignazio Cassis et de Klaus Schwab) renforce la collaboration stratégique entre le WEF, le Département fédéral des affaires étrangères DFAE et l'administration fédérale en matière de gouvernance numérique, de consommation et de production, de finance et de travail.

 

La Confédération participe aux frais de sécurité du raout hivernal de Davos, fournit au canton des Grisons le renfort de militaires et assure un service de surveillance aérienne armée 24 heures sur 24 sur l'ensemble du territoire suisse. En 2024, la Confédération a engagé un montant de CHF 2,5 millions en participation directe et a mis 5'000 soldats en exercice à disposition pour un coût de CHF 32 millions pris sur le budget de l'armée.

 

Appréciation politique

 

En signant l'accord du 23 janvier 2015, le Conseil fédéral paraît d'abord avoir outrepassé ses compétences constitutionnelles dès lors que l'engagement financier annuel que cet accord implique excède la limite de 2 millions de francs fixée par la législation fédérale en matière de dépense périodique prescrite par un traité ou un accord relevant de la politique étrangère. Financièrement, il ne s'agit pas d'un accord mineur que le Conseil fédéral pouvait passer seul sans l'aval du Parlement avec possible référendum.

 

En octroyant au WEF le statut d'une organisation internationale, le Conseil fédéral a ensuite fait acte d'adoubement public d'une fondation de droit privé dont la licéité du but et des moyens de l'atteindre est plus que douteuse au regard des fondements de l'État suisse que sont la démocratie, le fédéralisme et la souveraineté.

 

En participant officiellement et activement au symposium de Davos, en particulier à son ouverture par la Présidence de la Confédération comme aussi par l'engagement de l'armée, le Conseil fédéral donne enfin à voir au monde que la Suisse cautionne et patronne tant l'événement que le WEF lui-même. Cela ceint le WEF d'une chasuble d'officialité suisse totalement usurpée.


Appréciation sémantique et philosophique

 

Les visées mondialistes du WEF transparaissent dans sa dénomination, dans la formulation de sa mission et dans l'intitulé des thèmes annuels de son symposium d'hiver. En bonne règle pour montrer patte blanche comme le loup de la fable, le WEF use de termes positifs et miroitants, de concepts idéaux et de slogans aguicheurs: amélioration de l'état du monde, durabilité, restauration d'une confiance globale, coopération, collaboration, réinitialisation. L'idée d'un monde nouveau est sous-jacente à ces énoncés et fait resurgir le fantasme historique récurrent d'un avènement ou d'un renouvellement sociétal radical censé amener le bonheur sur terre.


Les mythes de ce type se sont succédés tels que le Paradis Terrestre, la Terre Promise, le Messie Sauveur, le Tikkun Olam (réparation du Monde), l'Utopie (Thomas More), la Société sans classes, le Reich et sa race pure etc… Cela n'a jamais amélioré l'état du monde, bien au contraire. Il n'y a aucun salut à attendre de la projection d'une hallucination sur un mur blanc. En réalité et sous couvert de bons sentiments, le WEF est un conglomérat d'individus à la recherche pathologique d'un pouvoir illimité sur les autres et le monde. Ils nagent dans «l'hubris» (ivresse de la démesure) sans voir l'ombre toujours proche de la «némésis» (vengeance divine).

 

Au final

 

Le Conseil fédéral considère que la rencontre annuelle du WEF constitue pour ses membres une «plate-forme importante»(?). Elle permet selon lui aux autorités suisses de «nouer de multiples contacts au plus haut niveau et de présenter la position et les préoccupations de notre pays à nos partenaires étrangers». Et d'ajouter que «le WEF est également important d'un point de vue économique à l'échelle régionale pour le canton des Grisons et la commune de Davos». Cela n'est pas recevable

 

  • parce que la politique étrangère suisse doit être menée dans le cadre constitutionnel d'une collaboration entre le Parlement et le Conseil fédéral et non pas au gré hasardeux de conversations privées de ses membres lors de festivités hivernales de montagne;


  • parce que, les retombées économiques de l'événementiel «Davos» ne profitant qu'à la région grisonne, on ne voit pas la légitimité de le subventionner avec de l'argent public fédéral.

 

En finalité, la Suisse devrait retirer sans délai au WEF le statut d'organisation internationale que le Conseil fédéral lui a indûment concédé le 23 janvier 2015, cesser de soutenir en manne fédérale et en service armé son symposium annuel de janvier et enjoindre le Conseil fédéral de ne plus le patronner. Il appartient au Parlement fédéral d'œuvrer à cet effet en sa qualité d'autorité suprême de la Confédération.

 

Sources:

Les informations sur l'implication de la Confédération et du Conseil fédéral dans le WEF sont tirées du Portail du Gouvernement suisse (admin.ch).

Les informations relatives au WEF sont tirées du Registre du Commerce (zefix.ch) et des publications sur internet du WEF lui-même.

5 commentaires

Posts similaires

Voir tout

5件のコメント


jean-claude
jean-claude
1月21日

Dans le même ordre d'idées, il y a aussi la reconnaissance de GAVI avec un statut pratiquemet diplomatique.

いいね!

enaile7
1月20日

De plus si on lit l'article 13 du traité signé par Burkhalter,  ledit traité peut (doit) être dénoncé à n'importe quel moment par l'une des parties moyennant un préavis de 6 mois.


Quelqu'un au CF qui aurait le cran de le faire ?


https://www.fedlex.admin.ch/eli/cc/2015/73/fr

いいね!

suzette.s
1月20日

Merci de faire découvrir des informations peu répandues dans les médias, bien qu'elles soient apparemment officielles, si j'en crois les sources citées. Le statut international a-t-il été conféré "pour" que des hommes d'Etat puissent se rendre au WEF en toute sécurité ou "parce que" des hommes d'Etat s'y rendaient déjà? Dans le premier cas, la Suisse pensait y voir son intérêt, dans le second, elle a peut-être cédé à des pressions.

いいね!
henrigendre
1月20日
返信先

La question de l’œuf et de la poule ne me semble pas devoir être posée en l’occurrence chère Madame Sandoz. La politique étrangère relève de la souveraineté étatique et non pas d’une organisation privée de marchands du Temple à visée mondiale hégémonique.. Les hommes et les femmes d’État élus par suffrage ont la mission et doivent avoir l’honneur de la mener dans les formes de l’officialité constitutionnelle des États-nations, ce dont la foire de Davos n’est pas revêtue malgré son statut usurpé d’organisme international.

いいね!

jean-claude
jean-claude
1月19日

En fait, en Suisse il n'y a plus réellement de partis politiques, il y a un groupement d'élus corrompus par les lobbys qui ont des étiquettes de partis différents, mais qui sont des membres de l'État profond.

Les engagements concernant l'OTAN et les positions concernant l'Ukraine en sont la preuve.

Le scandale des 20 milliards détourné de la LPP, le massacre de la Lamal par le passage de Couchepin au CF, la gestion des rentes AVS aux USA, tout cela sans aucune réaction des moutons helvétiques montre que l’information  subventionnée en général obéit à ses maîtres.

Le nettoyage des écuries d’Augias est vraiment nécessaire.

いいね!
L'Impertinent LOGO 24.jpg

Inscrivez-vous aux alertes de publication :

Merci pour votre envoi !

Faire un don

IBAN : CH52 0900 0000 1555 3871 0

Lausanne, VD

© 2020 L'Impertinent - L'information au service du public

bottom of page