Interpelé par le recul insidieux de la liberté thérapeutique dans son pays et au-delà – ainsi que par son absence de relai dans les médias traditionnels – un «simple citoyen» a réalisé un film rassemblant les témoignages de plusieurs médecins. Son but: ouvrir un débat qui se fait désespérément attendre.
© Daniel Rousseau
Mardi 7 février, le petit Cinélux de Genève projetait le film de Daniel Rousseau intitulé Médecins suisses: que reste-t-il de la liberté thérapeutique?. Quarante minutes durant lesquelles plusieurs médecins se succèdent face caméra pour relater leur expérience durant la pandémie de Covid. L’ancien directeur RH devenu aide-infirmier a financé ce film tout seul, secondé par une équipe de bénévoles.
«Il m'est apparu important d'interroger le citoyen suisse sur le profil du médecin qu'il souhaite avoir aujourd'hui, explique Daniel Rousseau, qui a également été administrateur en EMS. Partant de la crise du Covid, j'ai voulu interroger les médecins qui ont été bâillonnés pour avoir émis des avis qui divergeaient du discours politique et m'attacher à une seule question: quels sont le rôle du médecin et sa marge d'action en 2023?»
Médecine universitaire vs médecine clinique
Ce film nous donne l’occasion d’entendre ces professionnels de la santé revivre leur expérience durant cette période extraordinaire à maints égards. Comment l’un s’est vu qualifier de «danger public» par le président de la Société vaudoise de médecine pour avoir mis en doute la stratégie officielle. Comment, aux prémices de la crise, l’autre a rapidement réalisé qu’il était illusoire de vouloir freiner un virus aussi contagieux. Comment aucun d’entre eux n’a compris que l’on mette les médecins de ville sur la touche, en passant d’une mesure insensée à une autre, dans une contradiction qui ne souffrait aucune remise en question.
Liberté thérapeutique bafouée
L’un après l’autre, les médecins témoignent également de la difficulté qu’ils ont rencontrée pour faire leur travail et traiter leurs patients. Comment ils ont été empêchés de poursuivre des traitements prometteurs qui donnaient de bons résultats cliniques et ont dû se battre pour continuer à exercer leur métier en leur âme et conscience, en accord avec le code de déontologie.
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Ils rapportent de véritables cabales à leur encontre, parfois sous la forme de descentes musclées de police à leur cabinet avec séquestration des dossiers des patients. Parfois sous forme de menace d’enquête de la police criminelle, avec interrogatoire des collaborateurs et pression en tout genre.
Jusqu’à cette fameuse période où les médecins cantonaux de plusieurs régions ont donné pour consigne aux pharmaciens de dénoncer chaque médecin qui jouerait un peu trop largement de sa liberté thérapeutique.
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«Ces médecins avaient pour moi de l’intérêt parce qu’ils ont fait des choses pour soigner ou participer à l’effort collectif, explique Daniel Rousseau. Ils ont fait des efforts pour amener des solutions, investir de l’argent pour la recherche et réunir des spécialistes dans le cas de Klaus Schustereder. Pour proposer des remèdes et trouver des alternatives acceptables, dans le cas de Philippe Saegesser. S’ils s’étaient contentés de gémir sans rien entreprendre, je ne me serais pas impliqué autant. J'ajoute également que certains d'entre eux étaient en adéquation totale avec les premières mesures.»
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Après la diffusion du film, certains de ses protagonistes ont répondu aux questions du public. Si Daniel Rousseau s’est dit content de cet échange, il a cependant regretté que le but principal ne soit pas encore atteint, puisque les spectateurs étaient déjà convaincus. Ce qu’il aimerait désormais, ce serait confronter des avis différents afin d’instiller enfin le débat qu’il souhaite voir arriver sur la place publique. Que chacun réfléchisse à ce qu’il attend de son médecin.
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Le film a été traduit en allemand, en vue d'une diffusion en Suisse alémanique et au Tessin. Il se pourrait même qu’il traverse les frontières, car plusieurs acteurs voisins désireux de le diffuser se sont déjà manifestés.
Je constate avec un immense plaisir le développement de l’IMPERTINENT. En effet, il y a de plus en plus de diversité dans les articles et le recul permet de faire d’intéressantes références à d’anciens articles. Par exemple, j’apprécie la présentation intelligente de cette sortie de film qui s’appuie sur d’anciens écrits d’Amèle Debey. Ce qui montre que ce qui a été publié était enraciné et reste valide à l’épreuve du temps.
Bravo et aussi bienvenue aux personnes qui partagent nouvellement leur plume dans ce jeune journal indépendant de qualité.