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«Le 7 octobre a permis au gouvernement israélien de mettre en œuvre son idéologie»

Yehuda Cohen, père d’un otage israélien, dénonce la stratégie du gouvernement Netanyahou qu’il accuse de sacrifier les otages au profit de son agenda ultranationaliste. Face aux médias et aux décideurs du monde entier, il plaide sans relâche pour un cessez-le-feu, un échange de prisonniers, et une solution à deux États au sein du collectif We are all Hostages.

Yehuda Cohen
© DR

Damien Lefauconnier, pour L'Impertinent: Vous êtes le père de Nimrod, 20 ans, toujours otage dans la bande de Gaza. Que pouvez-vous nous dire sur lui et à propos de sa situation actuelle?


Yehuda Cohen: C’est un jeune tout à fait banal, il aime la musique, les voyages. Nimrod servait dans l’armée depuis dix mois quand il a été capturé (en Israël le service militaire dure trois ans, ndlr). Le matin du 7 octobre, à 6h30, ses camarades et lui ont été envoyés pour renforcer la frontière avec la bande de Gaza. Les membres du Hamas ont placé une charge explosive à l’avant de leur char. Ils ont forcé les survivants à sortir, ils les ont tous assassinés, sauf mon fils. Nous avons reçu des preuves de vie à plusieurs reprises. La première fois en novembre 2023. Depuis, plusieurs otages ont été en sa compagnie. Il est toujours sur place, en vie, dans un tunnel.


Dans l’un de vos témoignages, vous évoquez la difficulté, quand vous effectuez des démarches à l’étranger, de présenter votre fils comme un soldat de Tsahal. Des otages comme Nimrod pâtissent-ils d’une image ternie de l’armée israélienne depuis le 7 octobre?


Au début, nous ne parlions pas du fait qu’il avait été fait prisonnier en tant que soldat. C’était le choc du début: que faisons-nous? Comment en parlons-nous? L’image des soldats israéliens n’est pas positive partout. Nimrod se trouvait sur le sol israélien, à défendre les villages israéliens. Ils avaient été envoyés à la frontière pour empêcher l’invasion du Hamas, qui venait pour tuer, brûler, violer, kidnapper. Je n’ai pas peur de l’image de mon fils, il faisait son devoir. En tout cas, il essayait. Personne ne s’attendait à ce genre d’attaque. C’est pour cette raison qu’ils se sont retrouvés en infériorité numérique et qu’il a été fait otage.


Pourquoi êtes-vous devenu le porte-parole à l’international du collectif We Are All Hostages, qui réunit plusieurs familles d’otages?


Je suis porte-parole pour obtenir la libération de mon fils, j’ai l’obligation de sécuriser sa vie. We are all hostages est une organisation, et ils m’aident notamment à chercher des médias. Quand j’en ai l’opportunité, je dis ce que j’ai à dire pour libérer Nimrod et les otages, arrêter cette guerre à Gaza.


Diriez-vous que les familles d’otages sont seules avec leur problématique?


Plusieurs organisations civiles aident les familles. L’une d’elles, le Forum des otages et des disparus, a son quartier général à Tel-Aviv. Elle les aide toutes à traverser cette crise et à plaider pour un échange d’otages (entre Israël et le Hamas).


Toutes les familles ne sont pas représentées, car elles ne le souhaitent pas. Une autre organisation, Forum Tikva, située à droite politiquement, prône qu’il faut avant tout écraser le Hamas. Je me situe le plus à gauche des différentes organisations. Je dis partout qu’un échange d’otages doit intervenir, et que cela commence par l’instauration d’un cessez-le-feu. Nous remettons toute la responsabilité sur le gouvernement.


Vous êtes de plus en plus médiatisé. Ces derniers mois, vous avez réussi à approcher l’administration Trump. Diriez-vous que votre influence grandit?


Dès le mois de décembre, avant même l’investiture de Donald Trump, nous avons mis tout notre poids sur sa future administration. Je me suis rendu dans le sud de la Floride, pour rencontrer certains de ses proches. Après a eu lieu un nouvel échange d’otages (accord du 15 janvier 2025, prévoyant la libération de 33 otages en échange de 1000 prisonniers palestiniens et d’un retrait partiel des troupes israéliennes du nord de l’enclave, ndlr). Mon fils n’était pas sur la liste, c'étaient des personnes plus âgées ou choisies pour des raisons humanitaires.

 

(Re)lire notre interview d'un médecin à Gaza: «A Gaza, les ONG sont en train de se partager le butin»

 

L’échange a eu lieu, mais notre gouvernement a enfreint l’accord, donc nous ne sommes pas parvenus au second accord. Le gouvernement israélien a demandé l’extension de la première phase, la question du retrait militaire complet du corridor de Philadelphie a été posée (zone sud de la bande de Gaza, à la frontière égyptienne, secteur présumé être le principal point d’approvisionnement du Hamas, ndlr). Netanyahu n’a pas laissé les parties s'entendre, le Hamas a refusé d’étendre la première phase. Puis a eu lieu le retour à la guerre, et nous en sommes là. Depuis, plus rien ne bouge.


«Nous espérons que Trump va régler la situation»

J’espère qu’un incident similaire à celui entre Zelensky et Trump à la Maison Blanche, quand le président américain a bousculé le président ukrainien, aura lieu avec Netanyahou. Je pense que l’administration américaine perd patience avec le Premier ministre israélien. Je l’espère. Trump a dit qu’il voulait faire cesser les guerres: j’espère qu’il pressera Netanyahou de l’arrêter. Il ne le fera pas de lui-même, car une majorité des membres du gouvernement est contre tout cessez-le-feu pour des raisons idéologiques, «messianiques». C’est pour eux une opportunité d’occuper Gaza de façon permanente, de reconstruire des colonies, d’expulser les civils palestiniens de l’enclave, de la vider de tous ses habitants. Nous ne voulons pas ça, et nous espérons que Trump va régler la situation.


Pensez-vous qu’au fil des mois, vous êtes davantage poussé à vous engager davantage politiquement ?


Mon but est de plaider pour la libération de mon fils, et je ne l’oublie jamais. Mais la situation est politique, depuis que mon gouvernement, pour des raisons politiques, n’est pas favorable à un échange d’otages. Une partie de la coalition au pouvoir, pour des raisons idéologiques d’extrême droite, ne veut pas se retirer de Gaza.


Nous disons tous «Ramenons-les à la maison», mais comment on y parvenir? Les otages ne vont pas se libérer d’eux-mêmes, le Hamas ne le fera pas par sa propre bonne volonté, et les opérations de sauvetage ne peuvent pas tous les sauver. Si certains ont pu l’être, d’autres ont été tués par des tentatives de libération. Et, soyons clairs : mon fils est retenu en otage dans un tunnel, on ne peut pas sauver ceux qui se trouvent dans les tunnels.


Seul un échange d’otages peut permettre leur libération. Cela suppose un accord entre le gouvernement israélien et le Hamas, un mouvement antisioniste, une organisation terroriste qui ne travaille pas en étant animée de bonnes intentions. Ils doivent être anéantis, mais ils retiennent mon fils. Leur crier dessus ne servira rien. Ils n’ont même plus de représentants sur lequel crier.

 
 

Du côté israélien, mon gouvernement est la seule organisation qui peut parvenir à un échange d’otages: il commande l’armée, il retient des prisonniers terroristes palestiniens, il maintient des troupes à l’intérieur de la bande de Gaza. Mais au-delà de ça, il a l’obligation de le faire pour des raisons nationales, morales, car ils sont responsables des citoyens. Les lois en Israël disent que l’État doit tout faire pour sécuriser leur vie quand ils sont en danger. Tout ce que je peux faire, c’est leur demander, ainsi qu’à l’administration américaine, aux Nations unies et à la Cour pénale internationale.


Mais les membres du gouvernement préfèrent laisser les choses comme elles sont aujourd’hui, au sens d’une guerre sans fin, pour des raisons politiques, pour sa survie. Le Premier ministre Netanyahou a tout le pouvoir entre ses mains, sa seule façon de pouvoir se maintenir est son gouvernement de coalition. Nous voulons lui forcer la main, et les seuls à pouvoir le faire sont des forces extérieures. Aujourd’hui, c’est l’administration Trump.


Pouvez-vous nous en dire plus sur les composantes ultranationalistes du gouvernement israélien actuel, notamment sur Bezazel Smotrich, Itamar Ben-Gvir et les partis ultra-orthodoxes?


Le gouvernement comprend cinq mouvements politiques, dont le Likoud, le parti de Netanyahou. C’est un mouvement politique de droite, leur but est simplement de rester au pouvoir, ils ne sont pas définis par une idéologie. Certains dans ce parti sont de droite dure, et sont en compétition avec deux autres partis d’extrême droite: celui de Bezazel Smotrich, appelé Mafdal Sionisme religieux et Force juive, le mouvement d’Itamar Ben-Gvir, qui est le plus populaire des deux. Smotrich est plus religieux idéologiquement, son parti est messianique. Les deux mouvements sont favorables à la conquête des territoires palestiniens, en Cisjordanie, dans la bande de Gaza, à inciter les Palestiniens à partir et à construire des colonies.


Le 7 octobre a constitué pour eux une opportunité pour reconquérir Gaza, mettre en œuvre leur idéologie, qui est de coloniser toute la région juive, ce qui inclut la Cisjordanie et la bande de Gaza.


Les deux derniers partis (Shas et Judaïsme unifié de la Torah) sont extrêmement religieux, plus que ceux de Smotrich et Ben-Gvir. Ses membres ne visent qu’à obtenir des privilèges pour leurs communautés. Ils refusent de servir dans l’armée et de participer au fonctionnement économique du pays. Ils veulent que leurs communautés restent fermées et pouvoir se concentrer sur leurs lectures (études religieuses). Cette politique du «ne rien faire» est financée par le gouvernement: comme ils veulent juste étudier leurs textes, ils ont besoin de soutien économique. Leur seule raison de rester au gouvernement est d’obtenir des privilèges. Ils sont animés par une idéologie messianique: ils pensent que s’ils s’emparent des territoires palestiniens, un messie va venir, que «Le Seigneur va diriger le monde», ce genre de choses.


Ces composantes extrémistes du gouvernement israélien sont-elles représentatives de la population ?


C’est difficile à dire. Les gens les plus extrémistes vivent en Cisjordanie. Je dirais que 20-25% de la population est pour les partis d’extrême droite et 20% pour les extrémistes religieux.


En mars dernier, le gouvernement Netanyahou a reçu des soutiens de partis populistes et ultranationalistes de différents pays, également de l’extrême droite française, lors d’une conférence contre l’antisémitisme organisée en Israël. Début avril, Le Premier ministre israélien a effectué une visite officielle en Hongrie, pays dirigé par le leader populiste Viktor Orban, qui a annoncé le retrait de la Hongrie de la Cour pénale internationale (CPI). Celle-ci a émis un mandat d’arrêt contre Netanyahou sur la question de potentiels crimes de guerre et crimes contre l’humanité. Comment analysez-vous ces événements?


Netanyahou est lui-même le leader d’un parti populiste, il est connecté à ces gouvernements et mouvements politiques, comme les gouvernements hongrois et Trump. C’est l’une des raisons pour laquelle il n’a eu aucun problème à reprendre la guerre. Sur ce point, il est très possible que Trump n’en ait rien à faire.


Les gouvernements actuels sont moins soucieux des droits humains. La démocratie perd du terrain en Russie, aux États-Unis. Je suis moins familier avec les partis populistes d’Europe de l’Ouest. J’ai appris que Marine Le Pen a été interdite de se présenter aux prochaines élections, que les partis d’extrême droite montent en puissance. On le constate en France, en Allemagne, aux Pays-Bas et même en Belgique. Principalement à cause des questions d’immigration. D’une façon générale, les partis populistes savent instrumentaliser ce genre de situation pour prendre le pouvoir, avec d’autres desseins en tête. Tout cela affaiblit la démocratie.


La situation au Proche-Orient a créé de grandes divisions à l’international depuis le 7 octobre, avec notamment la formation de deux blocs: ceux qui soutiennent de façon inconditionnelle Israël en tant qu’État et ceux qui soutiennent la Palestine, et parfois même le Hamas, de façon inconditionnelle. La situation géopolitique ne mérite-t-elle pas plus de nuances? Netanyahou est, par exemple, accusé d’avoir soutenu la montée du Hamas.


D’une façon générale, les gens qui ont une idée préconçue collectent des éléments qui vont renforcer cette théorie. En ce qui concerne Netanyahou, on sait qu’il a renforcé le Hamas au fil des années, pour éviter de devoir négocier avec les Palestiniens et d’aller vers une solution à deux États. Son idée, très primitive, était d’établir un ennemi puissant, le Hamas, de façon à ce que les Palestiniens restent divisés, que la Cisjordanie reste sous le contrôle de l’Autorité palestinienne, et la bande de Gaza sous celle du Hamas. De façon à pouvoir dire: comment arriver à des négociations politiques avec l’Autorité palestinienne qui est faible, corrompue et sans lien avec le Hamas?


«Pour des raisons politiques, Netanyahou a fait en sorte que le Hamas reste fort»

Pour des raisons politiques, il a fait en sorte que le Hamas reste fort. Notamment, en laissant le Qatar faire entrer de l’argent dans la bande de Gaza: l’argent était amené en cash, ce qui rend les transactions intraçables (le Qatar affirme que ce soutien financier, estimé à plusieurs dizaines de millions de dollars par mois depuis 2012, a été opéré à des fins strictement humanitaires, ndlr). Tout le monde savait qu’il allait directement entre les mains du Hamas. L’idée de Netanyahou était de tenter de repousser le problème à plus tard. Que quelqu’un d’autre s’en occuperait dans l’avenir. Avec peut-être l’espoir que le mouvement, au lieu de fomenter des actes terroristes, se normaliserait en administrant la bande de Gaza. Bien sûr, cela n’a pas fonctionné, et on l’a payé le 7 octobre. Il y avait des signaux que le Hamas planifiait quelque chose.

 
 

Que pensez-vous des très nombreuses voix à l’international, et certaines en Israël, qui parlent de génocide concernant les civils de la bande de Gaza?


Le problème comprend deux aspects. L’attaque terroriste du Hamas a rompu la paix, en attaquant, non pas au nom de la nation palestinienne, mais pour tuer, brûler, découper, violer, kidnapper et repartir dans la bande de Gaza.


Israël ne pouvait pas rester sans réponse. On peut se demander à quel point la population palestinienne soutient le Hamas, il contrôle l’enclave depuis longtemps. On sait qu’une grande partie des Palestiniens était satisfaite des événements, des gens dansaient dans la rue, d’autres ont participé à l’attaque. On sait que des Palestiniens, des femmes, des hommes, des personnes plus âgées, sont venus pour participer aux tueries, aux kidnappings, aux viols, ou pour voler, par exemple, des vélos et des avocats dans les vergers (Human Rights Watch rapporte que des civils de Gaza sont entrés en Israël lors de l’assaut du 7 octobre, suggérant leur implication directe, ndlr). Des civils palestiniens les soutenaient.


Je ne dis pas que cela excuse le massacre de civils à Gaza. Mais le fait est que le Hamas se bat au sein de la population civile, ils utilisent des boucliers humains (des enquêtes du média israélien +972 et du New York Times tendent à prouver que l’armée israélienne utilise également des boucliers humains, ndlr) pour commettre leurs actes terroristes.


«La dernière étape est de parvenir à la solution deux États, pour faire cesser les souffrances des deux côtés»

Il y a une guerre et le Hamas utilise toute sa puissance pour se maintenir au pouvoir, sur le dos des Palestiniens. Vous ne pouvez lutter contre cette organisation qui évolue au sein de la population sans faire ces victimes civiles. Vous ne devez pas non plus oublier que le Hamas ne fait rien pour défendre ou mettre à l’abri les civils palestiniens.


De l’autre côté, nous réclamons un cessez-le-feu, c’est la première étape. La seconde étape est la normalisation des relations avec l’Arabie saoudite, pour construire une coalition régionale avec les pays arabes, et asphyxier l’Iran qui est le soutien de ses proxys, le Hamas et le Hezbollah. C’est le seul moyen d’éliminer ces organisations terroristes en tant qu’organisations armées. La dernière étape est de parvenir à la solution deux États, pour faire cesser les souffrances des deux côtés.


C’est la seule solution pour les deux parties. Cela veut dire faire cesser les bombardements sur Israël, que les civils et les soldats arrêtent d’en pâtir. Et, de l’autre côté, mettre fin aux souffrances des Palestiniens à Gaza, en termes de massacres, de blessés, d’habitations détruites, de privation de nourriture et d’eau.


La solution à deux États est-elle encore réalisable? Voici encore une dizaine d’années, près de la moitié des Israéliens la soutenait. Mais dans des sondages beaucoup plus récents, la tendance semble s’être inversée. En mai 2024, le Pew Research Center, un institut de recherche américain, révélait que seuls 19% croyaient encore à cette issue possible. Une tendance observée également dans les territoires palestiniens. Selon un sondage publié en septembre 2022 par le Palestinian Center of Policy and Survey Research, 69% des habitants de la bande de Gaza et de Cisjordanie considéraient que la création d’un État indépendant n’était «plus envisageable de façon réaliste, en raison de l’expansion des colonies israéliennes». Depuis, l’enclave de Gaza a été détruite à 80%.


Dans les années 90, nous parlions de paix entre les Israéliens et les Palestiniens: arrêtons de nous battre et de nous haïr les uns les autres. Aujourd’hui, nous ne parlons plus de paix, nous parlons de sécurisation. Nous avons besoin d’une solution à deux États, car nous avons besoin d’une séparation.


Cela pourrait être plus facile dans la bande de Gaza, car il n’y a pas de colonie (les colonies israéliennes de l’enclave ont été démantelées en 2005, ndlr). La situation est beaucoup plus compliquée en Cisjordanie, car la population des deux côtés est en augmentation et que davantage de colonies ont été construites (environ 500'000 colons israéliens vivent en Cisjordanie occupée, depuis 2023. Les autorités israéliennes ont approuvé 20'000 nouveaux permis de construire, ndlr). De grandes zones de colonies resteront, il doit y avoir une compensation financière pour les Palestiniens.


«Plus personne ne croit qu’on peut vivre ensemble»

Cette séparation entre Israël et les Palestiniens doit être opérée, une majorité d’Israéliens est favorable à cette idée. Séparons-nous et peut-être que l’amour viendra plus tard.


Je ne parle pas de paix, mais bien de séparation: on n’en peut plus. Plus personne ne croit qu’on peut vivre ensemble. Bien sûr, l’idéologie d’extrême droite affirme que tout doit être réglé par la guerre. Smotrich parle d’une théorie du chaos: «par le chaos viendra la solution, par le chaos dix milliers de personnes seront tuées des deux côtés, puis arrivera la rédemption et le Messie descendra du Ciel», des expressions comme ça.


Mais cette idée d’une séparation peut être atteinte, même si je sais qu’elle semble s’éloigner de nous, notamment parce que la démocratie est en train d’être démolie un peu partout dans le monde. L’administration américaine n’en a rien à faire des droits humains, ils se préoccupent uniquement du pouvoir et de l’argent.


On veut une solution à deux États, on veut une fin à ce conflit. Cela ne va pas se produire dans un futur proche, construisons cela étape par étape. Attendons les élections de 2026 en Israel. Peut-être le gouvernement changera-t-il et qu’il y aura moins de colonisations dans la région?


Une autre idée, qui circule aussi depuis longtemps, est la création d’un grand pays, avec égalité des droits pour tous. La question est également posée fréquemment dans des sondages menés par les organismes palestiniens. Un certain nombre de Palestiniens, souvent les plus jeunes et parfois décrits comme plus pragmatiques que leurs aînés, y semblent favorables, à défaut d’espérer la création d’un État palestinien.


Oui, la solution à un État. Mais, c’est la différence entre l’idéal et l’action. Israël est entouré par des États islamiques arabes, ce qui est leur droit. Avec l’égalité pour tous, y compris sur l’immigration, Israël ne pourrait pas rester un État juif, car il deviendrait rapidement un État à majorité arabe. Or, nous voulons garder notre identité et notre culture. Les pays d’Europe partagent la même identité, la même culture, ils peuvent donc être libéraux entre eux. Israël est le seul État juif au monde. Les pays arabes sont très nombreux.


Les arabes israéliens devraient disposer des droits pleins comme tous les autres citoyens d’Israël. Cependant, il doit y avoir une priorité pour les juifs, si nous voulons conserver notre identité. Je dis le mot «juifs» mais je devrais plutôt dire «l’identité israélienne».

 
 

Si vous voulez vivre dans un pays arabe, allez vivre dans un pays arabe, si vous voulez vivre en Israël, vous resterez une minorité. Je suis sûr que les Français veulent aussi garder leur identité, avec leur langue française, leurs traditions, leur histoire, la Révolution, la christianisation, etc.


Il est légitime de vouloir un pays, et conquérir les territoires d’un autre pays ne l’est pas. Mais les Palestiniens eux-mêmes se définissent comme une nation nationale islamique. C’est très bien. Israël veut la même chose, c’est-à-dire se définir comme une nation israélienne.


Voulez-vous ajouter quelque chose à cette interview?


Je voudrais revenir aux racines de cette conversation: la question de la libération des otages, de celle de mon fils. Le cessez-le-feu n’est pas qu’une concession accordée au Hamas, c’est dans l’intérêt de tous ceux qui veulent la paix. Israël n’a rien à faire dans la bande de Gaza. Tous ces événements sont de la responsabilité seule du gouvernement Netanyahou. Le Premier ministre doit signer un accord d’échanges d’otages, une vaste majorité d’Israéliens y est favorable, ainsi que sur la question d’un cessez-le-feu permanent. C’est dans l’intérêt de la nation, pas de notre gouvernement, mais de celui de la nation israélienne.

 

À noter que cinquante-neuf otages sont encore aux mains des groupes armés palestiniens de la bande de Gaza. Vingt-quatre seraient encore en vie (22 Israéliens, un Thaïlandais et un Népalais).

 

2 comentários


eric.videlier
il y a 4 heures

Si le gouvernement suisse avait le courage de rester droit dans ses bottes (on peut rêver...) et agissait dans le cadre d'une stricte neutralité que le peuple appelle souvent de ses vœux (hélas, le gouvernement agit uniquement selon les volontés de l'oligarchie économico-financière, ne représentant plus le peuple), la Suisse ne commercerait et n'accepterait sur son territoire, y compris pour motif touristique, que des citoyens de nations qui:

  1. ne sont pas en guerre

  2. reconnaissent le Tribunal Pénal International et en sont signataires

  3. reconnaissent l'ONU, en sont membres, respectent les décisions qui y sont prises et financent l'organisation en fonction de leurs moyens

  4. et acceptent que soient appliqués, à leur encontre, une réciprocité absolue sur ce qu'ils imposent à leurs "partenaires"…

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Claude Devaud
Claude Devaud
il y a 5 heures

Quelle horreur, avoir son fils en otage. de tout coeur avec vous Monsieur Cohen. J'espère qu'il va être libéré. Il me semble que vos propos sont un peu contradictoires : vous dites qu'en Europe la démocratie perd du terrain à cause des partis populistes. Pourquoi ? ces partis veulent justement que chaque pays puisse garder son identité. C'est que ce vous souhaitez pour Israël à la fin de votre interview.


Depuis que je suis enfant j'entends parler de la guerre en Israël. J'espère que cela va cesser un jour.

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