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Article rédigé par :

Amèle Debey

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L’information mondiale entre dans une nouvelle ère

Dernière mise à jour : 13 janv.

Retournement de situation au sommet de la tech! Désormais, les médias prompts à étiqueter les informations comme complotistes ne pourront plus compter sur l’aide des principaux réseaux sociaux de la planète.

Mark Zuckerberg
© Canva/DR

C’est la révolution dans le monde des réseaux sociaux! Mercredi dernier, Mark Zuckerberg a publié une vidéo dans laquelle il annonce abandonner le système de modération sur les plateformes de Meta, à savoir Facebook, Instagram et WhatsApp. Des réseaux sociaux qui rassemblent plus d’1,2 milliard d’utilisateurs par jour, pour un chiffre d’affaires de 136 milliards d’euros en 2023. Cette décision va donc avoir des conséquences gigantesques sur le fonctionnement politique, sociétal et économique du monde. D’autant que Meta faisait, jusqu’ici, figure de bon élève sur le plan de la régulation de ses contenus. Jusqu’à agacer ses utilisateurs aux publications régulièrement masquées.



Quelques jours plus tard, lors d’une interview sur le podcast de Joe Rogan, Mark Zuckerberg a expliqué avoir subi des pressions «brutales» de la part de l’administration Biden pendant la pandémie. Selon lui, le gouvernement aurait menacé Facebook d’enquêtes gouvernementales, insulté et brutalisé ses équipes pour qu’elles censurent des informations correctes sur les effets secondaires des vaccins Covid.

 

«J’ai donné trop d’importance aux gens des médias dont je pensais qu’ils étaient réellement inquiets et engagés contre la désinformation, explique notamment le chef d’entreprise relooké depuis qu’il fait du jujitsu. Au début de la crise sanitaire, je pensais qu’il fallait laisser au gouvernement le temps de gérer l’urgence, mais les choses se sont dégradées rapidement.»

 

Le Covid a marqué la perte de confiance des citoyens dans les gouvernements du monde, ainsi que dans les médias traditionnels, expliquent les deux hommes, qui plaident également pour une société plus agressive, dans laquelle l’énergie masculine doit retrouver sa place.

 

De modération à censure

 

Dans sa vidéo, diffusée notamment sur son compte Instagram, Mark Zuckerberg annonce arrêter son service de fact-checking. Selon lui, le programme est devenu «un outil de censure» et «les vérificateurs de faits ont tout simplement été trop politiquement biaisés et ont détruit plus de confiance qu'ils n'en ont créé, en particulier aux États-Unis».

 

Jusqu’ici, Meta faisait appel à plus de 80 médias à travers le monde dans son service de fact-checking, dans 26 langues différentes, rappelle TV5 Monde dans un article. Ce partenariat a été très critiqué par les mouvements conservateurs américains et aussi français, car il était vu comme un dispositif de ‘censure woke’, car tous les journalistes auraient été de gauche et progressistes, amoindrissant la portée de tout ce qui aurait été de droite, conservateur», explique le chercheur Romain Badouard, dans une interview pour la Revue des médias de l’INA. Qui ajoute que «le camp démocrate n’est pas totalement blanc non plus dans cette histoire».

 

Les organismes de presse, qui possédaient des contrats avec Meta à l’image de Reuters Fact Check ou de l’Agence France-Presse, et qui avaient, pour certaines d’entre elles, renouvelé récemment leur contrat avec Meta, n’ont été prévenus qu’une heure avant l’annonce officielle.

 

Désormais, ce sont les notes de la communauté, à l’image de Twitter (rebaptisé X) qui feront la pluie et le beau temps sur les contenus diffusés sur les réseaux de Meta. Ce que l’International Fact-Checking Network (IFCN) déplore dans une lettre ouverte à Mark Zuckerberg. Ils expliquent notamment: «Les recherches montrent que de nombreuses notes communautaires ne sont jamais affichées, car elles dépendent d'un consensus politique généralisé plutôt que de normes et de preuves d'exactitude.»

 

«Le plan visant à mettre fin au programme de vérification des faits en 2025 ne s’applique pour l’instant qu’aux États-Unis. Mais Meta a mis en place des programmes similaires dans plus de 100 pays, tous très divers, à différents stades de démocratie et de développement, explique encore l’IFCN. Certains de ces pays sont extrêmement vulnérables à la désinformation qui favorise l’instabilité politiquel’ingérence électoralela violence populaire et même le génocide. Si Meta décide de mettre fin au programme dans le monde entier, il est presque certain que cela entraînera des dommages réels dans de nombreux endroits.»

 

Convictions ou opportunisme?

 

Comme le rappellent les fact checkeurs dépités sur les différentes chaînes françaises depuis quelques jours, la modération représente un coût important. Les raisons à cette décision seraient donc avant tout économiques. Sur le plan stratégie également, Mark Zuckerberg aborde un tournant au timing adéquat, même s’il affirme nourrir ces réflexions depuis quelque temps. Avec l’élection de Donald Trump et la montée en puissance d’Elon Musk sur la scène politique internationale, il préfère suivre le mouvement MAGA (Make America Great Again) pour être dans les petits papiers des deux hommes les plus puissants du monde.

 

Mark Zuckerberg suit donc l’exemple d’Elon Musk, dont la prise de conscience remonterait également à la crise Covid, selon l’expert en réseaux sociaux Fabrice Epelboin. Celui-ci rappelle que c’est au moment de découvrir l’ampleur de la censure du camp démocrate révélé par les Twitter Files que l’entrepreneur sud-africain a entamé sa croisade pour une liberté d’expression débridée.

 
 

Ce chamboulement du paysage numérique mondial annonce un changement de paradigme sur le terrain de l’information. Désormais, les journalistes mainstream n’auront plus le monopole de la vérité sur les agoras virtuelles. Ce qui annonce une opportunité palpitante pour des médias comme L’Impertinent de tirer son épingle du jeu.

 

Reste à savoir si les médias et personnalités publiques qui ont quitté Twitter en fanfare, comme nous le rappelions dans une récente chronique, feront de même avec Facebook, Instagram et WhatsApp… Car, contrairement au 20 Minutes suisse, qui a liké la vidéo de Zuck, les journalistes mainstream sont loin de considérer ce revirement comme une bonne nouvelle.

 

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1 Comment


Corinne
Jan 13

Excellent article comme toujours. Oui, un vent de liberté souffle dans les médias, et c’est très réjouissant !

Edited
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