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Article rédigé par :

Abdoulaye Penda Ndiaye

Des employés de la ville de Lausanne se plaignent d’être mobbés et humiliés

Dernière mise à jour : 19 mars

Près d'une dizaine de collaborateurs de la capitale vaudoise dénoncent, sous couvert d’anonymat, un climat de travail délétère et une «spirale nauséabonde» dans un service de la Ville. Les autorités démentent.

mobbing lausanne
© Canva

Depuis 2021, une crise interne couve au sein d'un service de la ville de Lausanne, sur fond de problèmes de fonctionnement et de conditions de travail délétères. Selon nos informations, des employés ont alors tenté d'avertir leur hiérarchie et un responsable a été nommé pour éteindre l'incendie. Mais l'arrivée de celui que nous appellerons Mathieu a encore empiré une situation déjà extrêmement tendue.


Arrêt-maladie, démissions, licenciements, crainte de perdre son emploi… Plusieurs personnes accusent désormais leur hiérarchie de mobbing. Au cours des six dernières semaines, L’Impertinent a recueilli près d’une dizaine de témoignages ayant pour dénominateur commun un climat de travail inquiétant.


«Mon lieu de travail s’était transformé en un lieu de souffrance»

Parmi les employés, la peur prédomine. C’est notamment le cas pour Monique*. Après plusieurs jours d’hésitations, elle a signalé à L’Impertinent de graves dysfonctionnements. Mais, quelques minutes plus tard, tenaillée par la panique, elle a fini par se raviser. «J’ai vraiment envie que ces faits graves soient connus du public. Mais si vous les mentionnez, on saura que c’est moi. Et je passerai à la trappe. Je suis désolée mais j’ai trop peur», a-t-elle déclaré avec regret. Trémolo dans la voix, Natacha* finit par fondre en larmes en évoquant son expérience. «Plus ma hiérarchie me critiquait, plus je me tuais à la tâche. Je bossais comme une malade. Mon lieu de travail s’était transformé en un lieu de souffrance. Mathieu*, mon directeur, prenait plaisir à me rabaisser. Pour asseoir davantage son autorité, il semait la discorde au sein de l’équipe.  J’étais prise dans une spirale nauséabonde dont j’ai pu mesurer l’ampleur en retrouvant du travail ailleurs. Désormais, raconte cette Lausannoise d’une trentaine d’années, je revis.» Le témoignage d’Ivana* va dans le même sens que les autres. Elle dit avoir baigné dans une ambiance où «il fallait être au garde-à-vous face au chef qui avait fait recruter une de ses amies devenue cadre».


Selon elle, Mathieu était imprévisible: «Il paraissait d’abord bienveillant puis devenait méchant et vous écrasait dès qu’il percevait votre point faible». Mirjam*, non plus, n’a pas gardé un très beau souvenir de son ancien travail. «Dès que quelqu’un avait le dos tourné, on disait du mal de lui. Je n’ai jamais connu un job avec une ambiance aussi dénuée de bienveillance», a-t-elle déploré.

 

Fausses accusations et déstabilisation


Manon* dit avoir subi du mobbing pendant plus d’un an. «J’ai finalement été jetée comme une vieille chaussette. Pour déstabiliser ses collaborateurs, Mathieu fait de fausses accusations sur la qualité de leur travail. Après mon licenciement, la hiérarchie a annoncé à mes collègues que j’avais démissionné. Dans ma lettre de congé, l’indécence a été à son comble: mon nom a été estropié et on m’a servi du «Monsieur». Tous ces souvenirs ravivent ma souffrance. J’ai envie de tourner la page.»


Daniela* enfonce le clou. «Le service prétend appliquer le management positif mais c'est du fake. Il y a de l'arrogance et du mépris de classe dans le service, qui compte plus de chefs que de petites mains, alors que ce sont elles qui font quasiment tout le job. Même les consignes sont données comme si on était à l'armée. J'aime mon travail. Mais plus j'en fais, plus on m'en demande et plus on me méprise. Quelle personne au monde peut tenir dans de telles conditions?»


Outre le caractère «soupe au lait» de Mathieu, beaucoup dénoncent aussi son air dédaigneux. «Il peut passer devant ses collaborateurs en levant le menton sans un regard ni un bonjour», a déploré Ivana*. Une autre personne se plaint d’avoir été mobbée et humiliée. Un reproche rabaissant lui a été adressé devant l’ensemble de ses collègues: «Vous allez trop aux toilettes!»


Une femme ayant travaillé avec Mathieu dans les ressources humaines d’une entreprise horlogère à la vallée de Joux, il y a une décennie, dit ne pas être surprise par les faits décriés. «Il prend les gens de haut car il se croit, à tort, d’une intelligence supérieure.»


Griefs rejetés par l’employeur


La Ville rejette catégoriquement toutes les critiques formulées par ses collaborateurs. «Les faits ne correspondent pas à une réalité dont nous ayons connaissance et nous les contestons en l’état. D’autre part, ils font état de situations personnelles tout en étant exprimées de manière anonyme. Nous ne pouvons donc pas les identifier formellement. Et eussions-nous la possibilité de le faire, nous ne pourrions pas nous exprimer par respect pour la personnalité des collaborateurs et collaboratrices», a réagi l’élu responsable du service. «La meilleure manière d’assurer un suivi adéquat aux faits relatés serait que les personnes concernées s’adressent à la direction du service ou à la Municipalité, ou à la Cellule d’aide à la résolution de conflits. Bien entendu, la Ville s’engage pour un climat de travail sain et restera attentive à la situation», a poursuivi ce membre de l’Exécutif lausannois.


Quant au climat de travail, l’enquête de satisfaction menée en 2024 l’a plutôt fait ressortir comme «un endroit où il fait bon travailler». Selon la Ville, le dernier départ dans ce service remonte à janvier 2024. Et elle ne serait au courant d’aucun mouvement imputable à une problématique relationnelle. Pourtant, le Syndicat du service public, sollicité par L’Impertinent, a reconnu avoir été «contacté par plusieurs personnes ayant constaté de graves dysfonctionnements» au sein de ce service. La crise sévit dans ce service depuis 2021, mais elle se serait péjorée au cours des deux dernières années avec au moins quatre départs en 2023 et deux arrêts-maladie liés aux conditions de travail cette année. Deux personnes contactées par L’Impertinent n’ont pas pu s’exprimer car elles se disent liées par une convention confidentielle de départ. 

 

*Prénoms connus de la rédaction

1 Comment


ffk159
ffk159
Mar 16

A propos de mobbing, j'ai des contacts d'employés (ceux affectés aux travaux divers des ateliers) de l'Etat du Valais, qui m'avaient fait part de problèmes récurrents de chefs qui n'ont aucune connaissances pratiques et qui prennent des décisions à rebours du bon sens..

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