top of page

Article rédigé par :

Amèle Debey

Rechercher

Covid: l’impossible bilan des médias traditionnels

Dernière mise à jour : il y a 2 jours

Cette semaine, la télévision publique suisse nous a proposé un «bilan» de la plus grande crise du XXIe siècle. Une page spéciale de laquelle les questionnements qui persistent autour de la gestion de cette pandémie sont absents. Pourquoi?

bilan du bilan
© Canva

Cinq ans après le début de la pandémie, c’est l’heure du bilan dans les médias francophones. Passage obligé pour un événement extraordinaire aux innombrables ramifications. Comme l'écrit Mediapart: «il est clair que le sentiment de vertige que nous éprouvons face à la marche du monde contemporain puise largement dans le tremblement de terre collectivement vécu il y a cinq ans.» Si certains médias s’en sortent mieux que d’autres, rares sont ceux qui incluent une évaluation de leur propre couverture de cette crise, alors même que celle-ci a été rythmée par leur travail de bout en bout.

 


Pourquoi?


C’est LA question qui continue à titiller la journaliste que je suis, dont la carrière a été chamboulée en 2020, aux premières heures de la crise Covid. Pourquoi donc la plupart de mes confrères ont-ils subitement cessé de faire leur travail? Et pourquoi ce sujet est-il depuis traité avec des œillères? Autant vous le dire tout de suite, je n’ai toujours pas la réponse. Uniquement des hypothèses. Les voici.

 

  1. Ils ont eu peur. Peur de la maladie, certes, mais surtout peur d’être ostracisés. Lorsque j’ai lancé L’Impertinent, en avril 2020, afin de soulever les questions qui se posaient et se posent encore (nous y reviendrons plus bas) j’ai immédiatement été cataloguée comme «complotiste» par mes pairs. Il m’est désormais impossible de retrouver du travail dans une rédaction conventionnelle – même si je le souhaitais – et je dois faire face au blacklisting continu de la profession. La plupart des journalistes, installés à des postes pourtant de moins en moins confortables, n’ont pas le courage de s’aventurer dans un contre-sens risqué, aux conséquences incertaines. On me prie régulièrement de bien vouloir cesser de parler de cette crise, mais cela m’est impossible. Elle a marqué un basculement dans la confiance des peuples dans les médias et mérite d’être analysée pour être comprise. Je paie le prix de ma détermination, mais le reflet du miroir et le soutien des abonnés de L’Impertinent me soulagent du moindre regret.

     

    Et puis, à ce stade, peut-être ont-ils aussi de quoi avoir peur d’admettre qu’ils ont eu tort sur toute la ligne, en plus d’avoir assumé un rôle profondément déviant tout au long de cet épisode.

     

  2. Le conformisme. La plupart des journalistes écrivent avant tout pour eux-mêmes, puis pour leurs collègues. Dans une caste aussi farouchement gardée, chaque prise de position peut influer sur le cours de votre carrière. Les conditions de travail aussi. Aujourd’hui, celles-ci ne sont plus réunies pour permettre à la curiosité de s'exprimer. Là encore, la pandémie a laissé des traces: la fast-news et le clickbaiting ont remplacé les enquêtes de fonds.

     

  3. Intérêts extérieurs? Le scandale de l’USAID et son influence sur les médias internationaux remettent la question sur le tapis. Tout comme les liens incestueux entre politiques et journalistes, brillamment rapportés dans le documentaire Les nouveaux chiens de garde, dont nous interviewerons bientôt le producteur. Sans parler des conflits d’intérêt flagrants – mais qui ne choquent personne dans le pays du pas-de-vague – d'un patron de presse à la tête d’une entreprise pharmaceutique en pleine crise sanitaire.

 

Nous aborderons la question capitale du mélange des genres dans notre prochaine interview avec les journalistes scientifiques d’investigation, Catherine Riva et Serena Tinari.

 

L'exercice d'autojustification de la télévision nationale

 

Selon la définition du Larousse, un bilan est l’état d'une situation; le résultat d'une action, d'une opération d'ensemble. Si le format d’un journal télévisé implique quelques entraves, arrêtons-nous une seconde sur la proposition de la RTS pour évaluer cette période.

 
 

Pendant 20 minutes, divisées en plusieurs reportages aux angles divers et agrémentés des commentaires de Laurent Kaiser, responsable du service maladies infectieuses des HUG, la RTS ne va pas soulever une seconde les questions en suspens. L’éventualité des «erreurs commises»  sera balayée par le désormais bien connu «on est toujours plus intelligent après». En effet, l’argument du nouveau virus dont on ne connaissait rien reste la défense principale des promoteurs des mesures sanitaires.

 

Pourquoi c’est plutôt faux?

 

Non seulement ce n’était pas la première crise sanitaire de l’histoire, mais en plus des bonnes pratiques avaient été officiellement instituées et n’ont absolument pas été suivies en occident, à part en Suède, où on s’est tenu aux mesures scientifiquement démontrées. Comme l'a expliqué Anders Tegnell, chef d'orchestre de la stratégie suédoise, dans son interview avec L'Impertinent, «le confinement n’avait jamais été une option viable avant cette crise».


Mais, contrairement à ce qui est affirmé en long et en large, du début à la fin du bilan made in service public, on en savait beaucoup depuis le début! Comme le martèle depuis cinq ans Pietro Vernazza, spécialiste des maladies infectieuses saint-gallois, dont l'avis avait toujours été sollicité par les autorités lors des crises majeures précédentes. Eric Masserey, actuel médecin cantonal valaisan, a également expliqué à L'Impertinent: «L’histoire des décisions populationnelles dans les grandes épidémies est connue. Dire que l’on a dû tout inventer au fur et à mesure, c’est ne pas tenir compte de l’histoire ou ne pas la connaître.»

 

 

Au sujet de la Task force, Laurent Kaiser semble avoir trouvé le résultat super, jusqu'à déclarer que ce serait à refaire et défend l'idée de «laisser des représentants de la société participer aux décisions».

 

Pourquoi c’est n’importe quoi?

 

Les représentants de la société n'ont absolument pas participé aux décisions. Les membres de la Task force étaient des scientifiques, se sont désignés entre eux en excluant les avis contraires et en s'autoproclamant experts de la situation. Ils ont profité d'une médiatisation à outrance totalement disproportionnée par rapport à leurs compétences. C'est un élément qui revient dans toutes nos interviews et il n'y a manifestement que Laurent Kaiser pour tirer un bilan positif de ce cirque.


 

Dans le reportage, on rappelle le cœur de la menace, à coup d’images effrayantes des soins intensifs. On ose même aborder les opposants aux mesures en montrant un passage de l’émission Infrarouge.

 

Pourquoi c’est trompeur?

 

Cela donne le sentiment que les opposants aux mesures sanitaires ont eu la parole dans les médias, y compris à la RTS. Non seulement il a été juridiquement tranché par le Tribunal fédéral que notre service public a violé le principe de pluralité et de neutralité dans un reportage diffusé peu avant des votations sur la loi Covid, mais en plus, comme nous l’avions démontré dans un précédent article, l’émission de débats Infrarouge s’est muée en émission de propagande pendant cette crise, en invitant de manière répétée les propagateurs de la doxa Covid. Alors que les opposants aux mesures invités à participer ne se comptent même pas sur les doigts d'une main! Il est donc plus que malhonnête de mettre un de leurs seuls passages en avant, comme si le dialogue avait régné à cette période.


 

Lors du volet économique de ce «bilan» on nous explique que «le Covid a coûté 35 milliards» à la Suisse.

 

Pourquoi c’est faux?

 

Ce n’est pas le virus en lui-même, mais sa gestion qui a causé ces coûts, en plus de creuser l’écart entre riches et pauvres et de plonger les gens dans la précarité. En Suède, par exemple, les dégâts économiques sont moindres, comme nous l'expliquait encore Anders Tegnell: «Je peux dire que la plupart des entreprises, par exemple les bars et les restaurants, sont parvenues à survivre à un taux bien plus important que dans les autres pays, durant la pandémie.»


Selon les estimations de la Banque mondiale, entre 88 et 115 millions de personnes supplémentaires ont basculé dans l'extrême pauvreté en 2020, vivant avec moins de 1,90 dollar par jour, ce qui a porté le taux d'extrême pauvreté à environ 9,1-9,4 %, un retour au niveau de 2017. Nous reviendrons sur ces éléments dans notre prochaine interview du professeur Jay Bhattacharya, après sa validation à la tête du NIH (National Institutes of Health) par le Sénat américain.

 

 

En conclusion, la RTS s’interroge sur notre capacité à appréhender une nouvelle pandémie. Elle semble se satisfaire des assurances des personnes interviewées dans ce cadre, qui évoquent la perspective de pouvoir faire les mêmes choses plus vite. Car tout l’enjeu semble être là.

 

Pourquoi c’est problématique?

 

S'obstiner à ne pas vouloir évaluer l'efficacité des mesures prises, qui ont chamboulé la vie de tant de monde, est criminel. Selon Einstein, «la folie, c’est de faire toujours la même chose en s’attendant à un résultat différent». Sans bilan honnête et auto-critique, comment rassurer la population sur le travail que feront nos médias la prochaine fois?

 

Bientôt, sur L’Impertinent, retrouvez le volet médiatique de notre dossier bilan

 

Les questions qui subsistent

 

Comme cela semble désormais de plus en plus clair, il ne faudra en tout cas pas compter sur les médias mainstream pour répondre aux questions qui subsistent, comme l’efficacité réelle des mesures, les effets secondaires du vaccin ou encore la censure des experts reconnus et la corruption systémique des organes de santé.

 

Même l’origine du virus continue à déchaîner les passions et à accumuler les articles, sans qu’aucune enquête sérieuse ne soit réalisée en Suisse, ni en France. En Allemagne pourtant, les médias ont récemment dévoilé que l'hypothèse d'une fuite de laboratoire est probable à 80-95%, selon les services secrets allemands. Ceux-ci dormaient sur cette info depuis 2020.


Si les médias qui ont les ressources pour enquêter ne s'enquièrent pas de trouver ces réponses, nous ne le saurons peut-être jamais. En attendant, certains citoyens en mal d'explications vont les chercher eux-mêmes, parfois dans les théories les plus farfelues. Sans confiance dans la presse, il n'y a pas de démocratie. Il serait temps que nos médias publics s'en inquiètent.

 
 

Les enquêtes de notre dossier bilan:



Les interviews de notre dossier bilan:








4 Comments


info
il y a 3 jours

Je me suis "farci" Berset dans l'émission aujourd'hui. Ce type a vraiment une très haute image de lui-même et personne en face pour le remettre à sa place dans les caniveaux de l'histoire.

Like

rigolay
il y a 3 jours

Merci pour cet excellent article !

Like

suzette.s
il y a 3 jours

Merci de revenir sur cette émission déplorable de la RTS. C'est courageux et nécessaire.

Like

Philippe Galland
Philippe Galland
il y a 3 jours

https://www.youtube.com/watch?v=QVyxqh6DDfI révélations de Pierre Chaillot statisticien français, sur le covid qui a tué beaucoup moins de monde que le"va ccin"

Like
Pop Up Trigger
L'Impertinent LOGO 24.jpg

Inscrivez-vous aux alertes de publication :

Merci pour votre envoi !

Faire un don

IBAN : CH52 0900 0000 1555 3871 0

Lausanne, VD

© 2020 L'Impertinent - L'information au service du public

bottom of page